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Engagé volontaire en 1942

Dernière mise à jour : 1 nov. 2022

Nous avons rencontré monsieur Delanoë, alors qu'il était à la retraite, afin qu’il nous raconte « sa » guerre. Son bref mais percutant récit part de la déclaration de la guerre jusqu'à son retour en France.


De la France à l'Allemagne en passant par l'Algérie

Agé de 18 ans lors de la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, il a pour premier souvenir les troupes anglaises prêtes à repartir dans leur pays : « Elles allaient sur Saint-Malo. » Rennes est bombardée pour la première fois le 17 juin 1940. Le lendemain, les allemands entrent dans la ville. Il reste en admiration devant le matériel de guerre utilisé par l’ennemi. Cette admiration lui vaut, il s’en rappelle bien, « d’être enguirlandé par ma mère. »

En août 1942, monsieur Delanoë a 21 ans, âge qui lui vaut d’être appelé par les allemands pour travailler dans leur pays. Afin d’échapper au travail de forcené qui l’attend dans ce noir pays, il décide de s’engager volontairement dans la 1ère division blindée. Il rejoint donc la zone de ralliement située à Vierzon, prend un train pour Châteauroux et un second pour Auch, où il reste environ deux mois. Dans ce corps d’armée appelé « 2ème Dragons », il apprend le « maniement d’armes, la théorie, et pour mon plus grand plaisir, je fais du cheval. » Un autre départ est fixé en octobre, et après une « traversée très agréable » à bord du Général Gouverneur Cambon, monsieur Delanoë débarque en Algérie, à Oran. Sa fonction est de « conduire des chars américains à Arzew », bled situé à quelques kilomètres d’Oran. Il apprend sur place, avec le matériel américain. « Un char c’est une carcasse, on y était à 6. »

Pendant deux ans il vit sous le soleil algérien, loin de tout contact avec la France et sa famille. Il reçoit un seul télégramme en 3 ans d’absence. Il y a bien entendu « un manque », mais il est « occupé, pas le temps de trop penser. » Les journées sont dédiées à l’entraînement, aux corvées, « à la bagarre », et le soir, c’est quartier libre dès 18h. Là ses compagnons et lui-même descendent au bled pour visiter, manger au restaurant. Monsieur Delanoë n’a pas oublié les saveurs de là-bas, « les sardines et les oranges. »

En août 1944, il part « d’Oran en camion, jusqu’à Constantine, sans savoir ce qu’il y avait dedans. J’ai su par la suite que c’était des munitions. » Puis il revient à Oran, « pour attendre la suite des évènements. » Le 10 août marque son départ d’Algérie, sur un bateau américain, « à destination d’on ne savait où… » Cette destination il l’apprend quelques heures plus tard : sa division est en route pour la France. Après 6 jours de mer, le 16 août à 8h, il débarque en Provence, à « Fréjus, avec le matériel américain. »

Il nous raconte que leur bateau est l’attaque des bombes ennemies et qu’il a « manqué de rester à la flotte. Le bateau qui débarquait mon char était trop petit. » Monsieur Delanoë, avec sa division, aide à la libération de la zone est du pays, de Marseille à Strasbourg. Il passe le Rhin, l’ennemi est en recul, la division arrive en Allemagne, « pour faire le boulot en Forêt-Noire.» Il a une anecdote concernant les villages allemands qu’il traverse avec sa division : ils disposaient quasiment tous d’un atelier de chausseur, ce qui lui a permis « d’avoir des chaussures neuves tous les jours. »

Deux jours avant l’armistice, il est « descendu » ; il se prend des impacts de balles dans la jambe. Il revient en France mi-1945 et retourne « bosser » à Oberthur, où il avait sa place avant la guerre.

Il n’est pas retourné en Algérie, alors que quelques-uns de ses compagnons de guerre y sont allés vivre. À son retour en France, monsieur Delanoë a été décoré de la croix de guerre.

©L'Encre des Mots

Avec l'aimable autorisation de Madame Delanoë. Toute reproduction même partielle est interdite, toute personne contrevenante s'expose à des poursuites. Si vous souhaitez diffuser ce témoignage, merci de me contacter.

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